Le Casseur d’os – volume 20

 

 

Notes d’Ornithologie Pyrénéenne n° XXV. Novembre 2018 à octobre 2019

Jean-Louis GRANGÉ, François BALLEREAU, Frédéric CAZABAN, Stéphane DUCHATEAU,

Jean-Jacques HOURCQ, Sébastien PÉRÈS, Dominique RAGUET & Patrice URBINA-TOBIAS

 

La période prise en compte est marquée par l’observation de deux nouvelles espèces pour le bassin de l’Adour : le Martinet des maisons Apus affinis (5ème donnée française, sous réserve d’homologation) et l’Aigle ravisseur Aquila rapax (1ère donnée française), toutes deux d’origine afro-asiatique. On notera aussi de nouvelles mentions des « raretés » suivantes : Sarcelle à ailes vertes Anas carolinensis, Outarde barbue Otis tarda, Marouette de Baillon Zapornia pusilla, Bécasseau tacheté Calidris melanotos, Glaréole à collier Glareola pratincola, Goéland à ailes blanches Larus glaucoides, Guifette leucoptère Chlidonias leucopterus, Labbe à longue queue Stercorarius longicaudus, Pygargue à queue blanche Haliaeetus albicilla, Coucou geai Clamator glandarius, Traquet du désert Oenanthe deserti, Pouillot brun Phylloscopus fuscatus, Hypolaïs ictérine Hippolais icterina, Pipit à dos olive Anthus hodgsoni et Bruant nain Emberiza pusilla. L’observation incongrue d’un Tadorne casarca Tadorna ferruginea survolant le col de Soulor ne se reproduira sans doute pas avant longtemps !

Le lac de Puydarrieux a hébergé cette année 7 espèces de Sternidés sur les 8 concernées par ces NOP. Bien peu de données d’oiseaux marins en dehors d’une fructueuse sortie automnale en bateau. Parmi les nouveautés concernant la répartition d’espèces reproductrices, la découverte d’un nouveau site de reproduction du Martinet à ventre blanc Tachymarptis melba en vallée d’Aspe, l’installation d’une colonie de Mouettes rieuses Larus ridibundus à Orx, la nidification du Crave à bec rouge Pyrrhocorax pyrrhocorax en Pays basque occidental à Urrugne, du Pouillot siffleur Phylloscopus sibilatrix dans les coteaux de Bigorre et de la Fauvette pitchou Sylvia undata au col de Soulor (1400 m) sont dignes d’intérêt.

 

Résumé de la saison 2019 au col de Lizarrieta

Par l’équipe de C PAL

La 32e saison de comptage des oiseaux migrateurs au col de Lizarrieta (commune de Sare, Pyrénées-Atlantiques) a été assurée pour la 2e année consécutive par l’association C PAL (COMPTAGE, PROTECTION ET ANIMATION À LIZARRIETA) du 15 août au 15 novembre. Elle a débuté sous un soleil de plomb pour finir sous une pluie battante ! Nous avons le plaisir de vous livrer ici le résumé chronologique du passage et les faits marquants de cet automne 2019. Les tableaux des effectifs sont présentés en annexe.

 

Bilan de la saison postnuptiale 2019 de baguage sur les Barthes de la Nive (Pyrénées -Atlantiques) . Suivi des principaux migrateurs et raretés observées

Philippe FONTANILLES, Gilles MOURGAUD, Florent BASTIANELLI & Jean-Baptiste PERROTIN

La migration des passereaux a été suivie par un protocole de baguage quotidien du 13/10/2019 au 7/12/2019, interrompu entre le 5/11 et le 18/11 à cause de pluies et crues importantes. 4228 captures ont été réalisées pour 48 espèces. La phénologie de passage, la prise de masse, la durée de stationnement, le taux de contrôles sont décrits pour cinq espèces selon les classes d’âge ou de sexe (Bruant des roseaux Emberiza schoeniclus, Fauvette à tête noire Sylvia atricapilla, Rougegorge familier Erithacus rubecula, Pouillot véloce Phylloscopus collybita, Accenteur mouchet Prunella modularis). Nous décrivons aussi l’évolution particulière des captures de deux espèces locales (Bouscarle de Cetti Cettia cetti et Mésange bleue Cyanistes caeruleus). Des raretés ont été notées (Roselin cramoisi Carpodacus erythrinus, Pouillot brun Phylloscopus fuscatus, Bruant nain Emberiza pusilla, Fauvette babillarde Sylvia curruca, 8 Pouillots à grands sourcils Phylloscopus inornatus), ainsi que des dates de présence tardive pour des migrateurs transsahariens, le séjour de la Rémiz penduline Remiz pendulinus et celui d’une Locustelle luscinoïde Locustella luscinioides.

 

Étude des densités du Merle à plastron Turdus torquatus alpestris dans différents habitats des Pyrénées occidentales

Stéphane DUCHATEAU

Les densités de Merles à plastron Turdus torquatus reproducteurs ont été étudiées sur 5 sites des Pyrénées occidentales françaises entre 2013 et 2018. Les recensements ont été réalisés par la méthode de la cartographie des territoires (3 à 5 visites par site en mai et juin). Les plus fortes densités s’observent dans une sapinière-hêtraie (site de Souriguère : 3,75 territoires pour 10 hectares), suivie par une pineraie à crochets sur lapiaz (Arre Planère : 2,95 territoires / 10 ha). Un site au milieu très ouvert, presque sans arbres (Jaut : 1,95 territoires / 10 ha) présente une densité voisine d’un autre caractérisé par un fort effet de lisière (Serre d’Ichéus : 1,81 territoires / 10 ha), d’une physionomie pourtant très différente. Les plus faibles densités s’observent dans les landes et pelouses d’un dernier site (Grum : 0,78 territoires / 10 ha). La grande diversité des milieux utilisés, depuis la forêt relativement fermée jusqu’à la pelouse parsemée de rochers, témoigne de la plasticité dont peut faire preuve l’espèce. La présence de pelouses rases et humides et/ou de névés (zones d’alimentation) est néanmoins une constante.

 

Migration printanière et hivernage du Milan noir Milvus migrans dans les Pyrénées occidentales

Jean-Louis GRANGÉ

Le Milan noir Milvus migrans revient de ses quartiers d’hiver sub-sahariens à partir de fin janvier– début février dans les Pyrénées occidentales (date moyenne de 1ère observation 1996-2020 = 28/01) avec le pic du passage durant la première décade de mars (43,1 % de l’effectif). Depuis les années 1970-80, quelques rares individus hivernent près de décharges, en compagnie de Milans royaux Milvus milvus. La phénologie migratoire prénuptiale de l’espèce est comparée à celle constatée ailleurs en France et nous synthétisons les connaissances actuelles concernant l’hivernage de l’espèce dans notre pays.

 

Aigles royaux dans les Corbières : tendance à la baisse

Jean-Louis GOAR & Michel CLOUET

La reproduction de la population d’Aigles royaux du massif des Corbières (Aude) est suivie depuis 1980 (n = 253 combinaisons territoire / année). On note une diminution de la proportion de couples réussissant leur reproduction et de la productivité (respectivement 64,7% et 0,73 jeune / couple / an sur la période 2015-2019). Le nombre moyen de jeunes par nichée réussie (1,15) ne montre par contre aucune tendance sur la durée totale de l’étude. Les facteurs pouvant être à l’origine de cette diminution des paramètres de la reproduction sont discutés, une baisse des ressources alimentaires et la mortalité d’adultes potentiellement due à des destructions volontaires étant envisagées.

 

Aperçu du régime alimentaire du Rougequeue noir Phoenicurus ochruros en automne dans le sud-ouest de la France

Jean-Marc FOURCADE

Le régime alimentaire du Rougequeue noir Phoenicurus ochruros a été étudié par analyse des fientes émises au dortoir, sur la commune de Clarac (alt. 288 m. ; Hautes-Pyrénées). Un total de 252 proies appartenant à 10 groupes différents a été comptabilisé. En terme d’abondance, les Coléoptères et les fourmis étaient dominants avec respectivement 38.1% et 30.2% des proies consommées. Les Coléoptères étaient majoritairement représentés par les Aphodiidés et les Carabidés. Les autres groupes présentaient des abondances bien inférieures mais les Hyménoptères hors fourmis, les Diptères et les Hétéroptères composaient près de 15% du régime. La part végétale (Sureau noir Sambucus nigra) était importante et se plaçait en 3e position avec 10.3% des items consommés. Les indices écologiques (diversité de SHANNON et WEAVER, équitabilité) décrivaient un comportement trophique à tendance généraliste nette. Une analyse en biomasse consommée maintenait les Coléoptères comme premiers contributeurs avec 50.5% des apports, suivis des baies de sureau avec 16.4%. Les fourmis et les Diptères, bien placés en terme d’abondance, perdaient leur influence du fait de leur faible profitabilité. L’abondance des fourmis dans notre échantillon rejoint celle généralement observée en automne en Europe centrale et méditerranéenne.

 

Observation d’une prédation d’oisillons par le Pic épeiche Dendrocopos major

Laïtan RABU

Cette note décrit l’apport de jeunes oisillons de passereaux (Turdus sp.) à ses jeunes au nid par le Pic épeiche Dendrocopos major dans les Hautes-Pyrénées (SW. France). Cette scène a été observée et filmée à trois reprises. Nous en profitons pour faire une recension de la littérature traitant de ce sujet en présentant une liste non exhaustive des espèces cibles de cette prédation.

 

Observation inattendue

Alexandre BEAUQUENNE

C’est en recherche photographique dans les environs de Trenčín en Slovaquie que je fus surpris par des cris d’oisillons à quelques mètres, dans un taillis, sans en distinguer la provenance. Soudain je vis un Pic épeiche Dendrocopos major transporter avec peine, d’un vol difficile mais énergique, un oisillon tenu par son bec. Le pic passa au-dessus de ma tête pour aller se poser sur une branche à moins de 10 mètres du nid pillé, vraisemblablement de Merle noir Turdus merula. Il posa l’oisillon et le coinça dans une branche, puis se mit à lui frapper la tête avec son bec a plusieurs reprises, lui perçant le crâne sous les cris de l’oisillon.

Je dirigeais très rapidement l’appareil photo vers la scène, le pic me voyait mais ne se sentait nullement gêné (photos 3 et 4 page 106). Je l’observais très bien à travers l’objectif : il enfonçait sa langue dans le crâne de l’oisillon, lappait, semblant boire son sang, puis il se mit à s’attaquer à son cou, tirant énergiquement la fine peau de l’oiseau. Il ne toucha pratiquement pas à son corps mais s’acharnait sur la tête et le cou. Le cou de l’oisillon finit par céder : le pic s’envola avec la tête, laissant les restes de l’oisillon sur la branche.

 

Un Aigle ravisseur Aquila rapax dans les Pyrénées occidentales

Jean-Louis GRANGÉ & Adam WENTWORTH

Un Aigle ravisseur Aquila rapax est observé le 17 août 2019 au col de Soulor (Arrens-Marsous, Hautes-Pyrénées). Il s’agit de la première mention en France de cette espèce africaine. Les précédentes observations de l’espèce en Europe sont indiquées.

 

Observation d’un Martinet des maisons Apus affinis au Pays Basque

Adrien DE MONTAUDOUIN

Le 20 octobre 2019, un Martinet des pmaisons est observé au col de Lizarietta (Sare, SW France). Cela constitue la 5ème observation de l’espèce dans notre pays. Son statut en Espagne et en Europe est précisé.

 

Le Moineau domestique Passer domesticus amateur d’absinthe

Jean-Louis SOULÉ 

Cet article présente la première observation de l’utilisation probable d’une plante aromatique, ici l’Absinthe commune Artemisia absinthium, à des fins phytosanitaires par le Moineau domestique Passer domesticus dans son nid. Ce fait n’est connu en France que pour les Mésanges bleues Cyanistes caeruleus de Corse, ainsi qu’en Afrique du Sud pour le Moineau mélanure Passer melanurus.

 

La Bondrée apivore Pernis apivorus, prédatrice du Frelon asiatique Vespa velutina au Pays Basque

Jean-Bernard ETCHEBARNE, avec la collaboration de Stéphane DUCHATEAU

Nous rapportons ci-après deux témoignages de prédation de nids de Frelons asiatiques par la Bondrée apivore Pernis apivorus, rapace migrateur principalement insectivore qui séjourne dans nos régions de début mai à début septembre.

 

Observation d’un apport de proie vivante à un jeune Grand-duc Bubo bubo par un adulte

Edgard PERDU

La scène s’est déroulée le 05 août 2005 dans le sud de l’Espagne (Corcoya, province de Séville).

 

Sur l’observation d’un apport de proie vivante à un jeune Grand-duc Bubo bubo par un adulte : analyse de ce comportement

Jean-Marc CUGNASSE

L’auteur de la note a fait une belle (et peu fréquente) observation d’un adulte apportant une proie à un jeune dans la période de dépendance de ce dernier. Il s’avère que ce lapin a été livré promptement, sans que l’adulte ait disloqué les vertèbres ou perforé les organes vitaux. Y-a-t-il eu intentionnalité ? D’autres observations sont attendues pour mieux comprendre ce comportement.

 

Bibliographie passionnelle

J.L. GRANGÉ

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